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Nous avons vu le film « Sur les traces de l’orage » !

par Quentin Rey

Nous avons pu voir le film Sur les traces de l’orage de Julien Guéraud et Maxime Daviron. On vous en parle en détail dans cet article. Bonne lecture !

Réalisé en 2024 par Julien Guéraud, « Sur les traces de l’orage » suit Maxime Daviron dans sa quête de foudre en haute altitude, dans le massif pyrénéen. Des premières lueurs à la tombée de la nuit, on y suit son parcours de photographe, entre prévisions météo, ascensions, bivouacs et vie quotidienne !

Le film sera diffusé lors de la seconde édition du Festival Chasseurs d’Orages, en avril 2026 !
Profitez en pour réserver vos places et venir voir le film !

Synopsis officiel

Les Pyrénées fascinent le photographe Maxime Daviron. Spécialisé dans les orages de montagne, il grimpe à plus de 3000m et se réfugie dans des abris précaires pour figer la connexion furtive entre le ciel et la terre.
Dans les pas des générations d’écrivain-es et d’aventurier-es avant lui, Maxime s’inspire du pyrénéisme : un courant intellectuel du 19e siècle qui offre une approche à la fois sportive, artistique et littéraire de la montagne.
Bien plus qu’une simple pratique de la randonnée en montagne, Maxime en a fait un véritable art de vivre. Patience, persévérance et une grande connaissance du milieu sont nécessaires pour combiner cette passion de la haute altitude et des orages.

Vous pouvez découvrir le film avec sa bande-annonce :

On a vu le film

À l’occasion du Festival Pyrénéen de l’Image Nature, j’ai pu découvrir le film en présence de son réalisateur, Julien et de Maxime, qui exposait. Je me suis rendu au festival en grande partie pour cette projection et je n’ai pas été déçu.

Déjà familier de l’univers de Maxime, j’y ai retrouvé sa manière singulière d’aborder la photographie d’orage et de nature, notamment en altitude. Les images sont superbes et la voix off de Maxime guide le récit avec justesse. Le film aborde aussi la relation intime de l’homme face à la nature et à la montagne, au travers de la photographie mais aussi de l’écriture et de la contemplation !

J’ai apprécié que l’on voit également la « vraie » vie au-delà des sorties et des bivouacs : le quotidien, les instants en famille, ces moments qui nourrissent aussi son approche.

À la lisière de l’intime, le film nous offre le privilège d’accompagner Maxime dans les hauteurs pyrénéennes, là où nous n’aurions sans doute jamais pu le suivre autrement. On assiste à l’exercice de son art, la photographie d’orage et de nature, au plus près des éléments.

En bref, pour les passionnés d’orages, de nature et de belles images, ce film est à voir absolument.


Discussion autour du film

Nous avons pu échanger avec Julien et Maxime autour du film ! On leur a posé quelques questions !

Question : Maxime, qu’est-ce que le format vidéo, film en particulier, te permet de raconter sur la chasse aux orages que la photo ou les réseaux ne peuvent pas transmettre ?

Maxime :

Tout l’intérêt de la vidéo est de montrer ce qui se cache derrière les « images finales » et de raconter l’envers du décor de manière plus immersive. La préparation, l’ascension, l’attente, les échecs, la persévérance, les conditions sur le terrain… Même si le créneau de tournage — en fin de saison — ne nous a pas offert autant d’orages que nous l’espérions, je pense que le film retranscrit bien ces aspects. Sur 52 minutes, on peut également prendre le temps d’en dire davantage et de développer la démarche artistique et personnelle.

Question : Est-ce que tu redoutes que la médiatisation de ton travail attire davantage de monde en montagne et fragilise certains lieux ? Comment tu concilies partage et préservation

Maxime :

C’est une problématique qui me touche particulièrement. À titre personnel, les lieux que je photographie sont rarement faciles d’accès, donc le tri se fait naturellement, et dans tous les cas, je ne géolocalise jamais mes images. L’une des meilleures parts de la photographie de paysage réside dans cette phase d’exploration, qui est purement personnelle. Par ailleurs, mon travail porte essentiellement sur les Pyrénées, des montagnes plus sauvages et moins fréquentées que d’autres massifs comme les Alpes.
La question se pose assez peu pour la photographie d’orages en montagne, pour des raisons assez évidentes. Cela dit, j’espère ne pas inciter des gens à rechercher ces conditions sans être correctement préparés à la haute montagne et à sa météorologie particulière. Les accidents dus à un manque de préparation sont en recrudescence ces dernières années, et nous avons, à ce sujet, un rôle de prévention à jouer.

Question : Julien, de ton côté, comment t’es venue l’envie de réaliser un film sur un chasseur d’orage ? Sur Maxime en particulier ?

Julien :

Autant pour l’expérience humaine que pour son potentiel esthétique, je voulais faire un film en extérieur, dans un milieu naturel qui aurait toutes les caractéristiques d’un « déjà‑là » à couper le souffle. J’avais cette envie qui flottait, mais je n’avais aucune idée bien précise.
En mai 2022, je me rends à Hauteville-Lompnes, au festival Nature Ain, pour présenter un précédent film. Parmi le blanc éclatant des photographies animalières exposées, les tirages d’orage d’altitude de Maxime Daviron détonnent. De véritables tableaux. Certes plutôt sombres, mais je ressens bien plus une impression de puissance que de peur.
Dans le travail du chasseur d’orage, un métier que je ne connais quasiment pas du tout à ce moment‑là, on bénéficie de l’immédiateté. J’ai envie de dire, maladroitement, que la photo d’orage frappe sur l’instant par la force de l’événement capté. Avant d’être réflexif, c’est émotionnel. Je suis donc immédiatement happé par ces scènes réalistes qui tirent vers l’onirique. J’ai tout de suite envie d’entrer dans la photo pour simplement être là, en pleine nuit, en pleine montagne, au beau milieu d’un orage. Je ne me dis pas tout de suite que ça doit être dangereux. Je me projette. Je fantasme et je me plais à croire que ça doit être fou de vivre ça. Et en plus, il n’y a pas besoin d’aller à l’autre bout de la planète pour vivre cette expérience dépaysante et hors du commun. En revanche, il faut des compétences. Et pas qu’un peu…
Je fais connaissance avec Maxime et je comprends vite que, pour obtenir de tels clichés, la technique photographique ne représente que 20 ou 30 % du travail. Il faut surtout de la patience, de la persévérance et une grande connaissance du milieu pour allier la haute montagne et les orages.
Je suis fasciné. Je lui achète un tableau. D’ailleurs, je le garde aujourd’hui précieusement comme un premier souvenir d’une belle aventure qui allait commencer. Mais ça, je ne le savais pas encore.
À la fin du festival, sur le trajet du retour, je me dis que le travail de Maxime synthétise parfaitement ce que je souhaite faire en tant que réalisateur : émerveiller pour sensibiliser.
Le travail du photographe de foudre a indéniablement une puissance de feu qui fascine, qui accroche. Cet effet « wahou ! » est un formidable hameçon pour attirer le public : il ne reste plus qu’à lui raconter une histoire et à faire passer des messages. Et chez Maxime, il y a, derrière son travail esthétique, toute une réflexion sur l’environnement et sur l’impact de sa pratique sur son milieu. Sa façon de travailler est très réfléchie. Son mode de vie et sa démarche artistique sont intimement liés et en accord avec ses valeurs.
À mon sens, le XXIe siècle doit être celui de la réconciliation entre l’humain et la nature, ou alors nous n’avons rien compris aux enjeux de notre temps. Le travail spectaculaire de Maxime et son mode de vie « sobre », avec sa compagne Camille, me paraissaient être une parfaite illustration de cette prise de conscience. Il ne restait plus qu’à en faire un film.

Question : Quelle a été la plus grande contrainte de tournage et comment l’équipe s’est adaptée ? Imaginais-tu une aventure aussi exigeante en démarrant ce projet ?

Julien :

Nous avons eu les financements – grâce à TVMonaco, que je remercie – et le feu vert de nos productions, Ampersand et Escales Production – que je salue –, en plein été. Pour ne rien arranger, j’étais à ce moment‑là sur le montage d’un précédent film que je devais contractuellement terminer.
Sans préparation, mais bâtons de marche en main, je suis donc passé illico presto de la salle de montage de mon précédent film à l’ascension des Pyrénées avec Maxime. Le tournage a commencé en septembre et la saison des orages touchait à sa fin. C’était une véritable course contre la montre.
J’ai encore beaucoup de choses à apprendre et je fais encore des erreurs. J’ai 40 ans, et c’est relativement jeune pour un réalisateur. Mais quand il y a une question de saisonnalité, il faut savoir saisir sa chance. Je ne vais pas l’apprendre aux chasseurs et chasseuses d’orages qui nous lisent. Mais l’enjeu absolu, c’est de ne pas se mettre en danger, soi‑même ou son équipe, pour – soi‑disant – rattraper le temps perdu. Et là, l’expérience de Maxime a été vitale. Il a su s’adapter à mon absence de préparation. Avec mon co‑cadreur, Antonin Tanner, qui, lui, a le pied montagnard, nous avons essayé de ne pas ralentir le rythme de Maxime. Mais la vérité, c’est qu’un tournage impacte toujours l’expérience. C’est donc bien plus Maxime qui s’est adapté à nous et à nos 20 kg de matériel chacun sur le dos… Et je l’en remercie.
Donc, oui, j’en ai bavé par moments, mais je pense que l’effort et la persévérance – sans jamais se mettre en danger – font partie de l’expérience, de l’aventure. Je pense que nous avons fait tous les trois les bons choix. Nous sommes partis avec une caméra RED et un boîtier Sony A7S III. Côté optiques, nous avions des objectifs photo standard et un zoom Angénieux 25‑250 mm HR. Cette optique de cinéma est aussi lourde que son rendu est beau. Mais j’aime à croire que la sueur dépensée à porter notre matériel se voit à l’image et qu’elle contribue à « émerveiller pour sensibiliser ».
En tout cas, la leçon est retenue. Promis, la prochaine fois, je me préparerai davantage. Ça rassurera ma maman et mes producteurs.

Question : Une fois le tournage terminé, qu’est-ce que le montage a révélé que vous n’aviez potentiellement pas anticipé ?

Julien :

On dit toujours qu’il y a trois écritures. À l’origine de tout film – en fiction comme en documentaire –, il y a un premier temps d’écriture. Ensuite vient le tournage, où la réalité du terrain prend le dessus et où il se passe sans cesse des choses qui n’étaient pas prévues. C’est un peu magique : c’est la deuxième écriture. Enfin, au montage, survient la troisième phase d’écriture, celle où l’on doit trancher pour mettre un point final.
C’est mon cinquième film documentaire de 52 minutes – format standard pour la télévision française – et c’est celui où il y a eu le plus d’écarts, de différences, d’imprévus entre la première phase d’écriture et le montage final. C’est inhérent à l’activité de photographe de foudre.
Écrire dans un scénario : « L’horizon s’assombrit. Le geste sûr, Maxime sort son appareil photo et capte la connexion furtive entre le ciel et la terre… », c’est simple sur le papier. Mais sur le terrain, ce n’est plus la même chose…
Je dirais donc que l’activité de chasseur d’orages fait prendre conscience de la vertu du temps long. Même si je l’avais anticipé lors de la phase d’écriture, la contrainte de temps de tournage de plus en plus réduits fait éclater cette réalité. Pour saisir la foudre au bon moment, au bon endroit, il faut du temps. Un peu de chance, de solides connaissances, de la persévérance, et beaucoup de temps. Et du café !
Pour faire de beaux projets, il faut du temps. Pour faire un bon film, une bonne photo, il faut du temps. Et dans un monde de plus en plus industrialisé, obtenir ce temps précieux doit devenir un combat indispensable. À l’heure des réseaux sociaux, des raccourcis idéologiques et des pratiques artistiques formatées, c’est à nous de ne pas céder aux sirènes du temps court. Donnons‑nous les moyens de réinvestir le temps long.

Question : Si vous ne deviez retenir qu’un seul souvenir de la réalisation, lequel et pourquoi ?

Maxime :

Il y a eu beaucoup de beaux moments partagés durant ce mois de tournage avec Julien et Antonin, que ce soit sur le terrain ou à la maison, en off. Difficile d’en choisir un seul, mais le bivouac passé dans une grotte naturelle à environ 2 900 mètres d’altitude en est un beau. C’était l’une des dernières sorties en altitude du tournage, une sorte de climax naturel, qui est justement la dernière séquence du film ! Dans la nuit, la neige avait recouvert tout le massif, signant la fin de l’été en montagne et offrant de superbes visions à la redescente. C’est aussi, sans doute, la séquence qui se rapproche le plus de ce que je vis là-haut — ce qui n’était pas forcément simple à montrer avec la logistique d’un tournage.

Julien :

Ce n’est pas original, mais je vais citer le même moment que Maxime. J’ai grandi en Île‑de‑France, dans le 91, et je n’avais jamais dormi dans une grotte à 2 900 mètres d’altitude. J’ai si bien dormi ! Au réveil, le lendemain, en sortant de la grotte, le massif était tout blanc. Il avait neigé pendant notre courte nuit. J’avais l’impression d’être dans un film, dans mon propre film… Et partager ce moment à trois, c’était fort. Sans naïveté ni mièvrerie excessive, je crois que la beauté d’un paysage peut contribuer à rapprocher les gens.
Je ne suis pas chasseur d’orages, mais grâce à cette expérience de tournage, je pense comprendre un peu mieux votre passion et ce qui vous pousse à la pratiquer. C’est une belle addiction.
Votre pratique est un excellent moyen de retrouver une capacité d’émerveillement face à la biodiversité et au vivant. Porter sur la nature un regard curieux, positif et émerveillé nous aidera à mieux nous y identifier, à reconnaître ce qui nous y relie. Et donc à la protéger.

Encore merci à Julien et Maxime pour leur réponses, un plaisir d’avoir pu échanger autour de ce très beau film !


VOIR LE FILM


Le film est actuellement disponible en replay sur TV Monaco. Pour en savoir plus sur les prochaines diffusions, n’hésitez pas à visiter la page dédiée au film sur le site de Maxime !

Le film sera diffusé lors de la seconde édition du Festival Chasseurs d’Orages, en avril 2026 ! Profitez en pour réserver vos places et venir voir le film !

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