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Tornade du 16 septembre 2015 en Charente-Maritime

par Axel Guibourg

Si on m’avait dit qu’un beau jour de septembre, je me retrouverais nez à nez avec l’une des tornades françaises les plus esthétiques de ces dernières années, par simple chance, je n’y aurais pas cru. Et pourtant, combien de fois ai-je pu rêver qu’un tel événement se produise ?

Dimanche 13 septembre 2015, je subis un lourd échec. La chasse est à deux doigts d’être réussie, mais je manque d’intercepter la tornade de Saint-Ciers-sur-Gironde en raison d’un problème de timing et d’un jeu du chat et de la souris ; à Mortagne-sur-Gironde, je décide d’abandonner. Dans la nuit du mardi 15 au mercredi 16 septembre 2015, les éclairs zèbrent le ciel sur le port de La Rochelle. En effet, quelques lignes de grains actives défilent sur la région, générant fortes précipitations et bourrasques de vent. Malgré tout, mes tentatives pour capturer quelques impacts de foudre ne sont pas concluantes.

Malgré la levée de la vigilance orange aux orages par Météo-France pour la Charente-Maritime, les salves orageuses continuent de défiler sur le département. Le lendemain, je retrouve mon ami Antoine Lamy vers 14 h pour rattraper une nouvelle ligne orageuse qui pourrait potentiellement donner un arcus.

Après un trajet sous la pluie et quelques rares éclairs, nous parvenons à sortir de la ligne et à nous placer à l’avant. Nous observons alors un timide arcus :

Cependant, en observant l’horizon sud, nous constatons la présence d’un léger abaissement potentiellement rotatif. Nous plaisantons en imaginant un scénario catastrophe, dont la formation d’une tornade, chose à laquelle nous ne croyons pas du tout.

Mais en observant les radars, je vois qu’un écho en crochet est visible. La scène que l’on avait imaginée semble se concrétiser. Quelques gouttes finissent par tomber, et nous décidons de nous replacer plus à l’est. C’est là, alors que nous roulons, qu’un entonnoir se forme. Je décide de prendre mon téléphone et de filmer.

En filmant, j’assiste à la formation de la tornade. Dès la naissance du tuba, des débris commencent à voltiger dans les airs. Hélas, dans l’excitation, je ne pense pas à photographier cette phase. Nous nous arrêtons quelques minutes sur un point de vue trouvé au hasard dans les grands espaces agricoles Charentais afin d’observer l’évolution de la tornade dont la force est particulièrement variable. En effet, nous pensons par moments qu’elle a fini par définitivement se dissiper, et puis non, l’entonnoir se reforme et prend de nouveau de l’ampleur. La pluie recommence à tomber. Nous décidons de nous replacer une fois de plus. Cependant, nous devons traverser la ville de Matha, ce qui prend un certain temps, et nous avons donc peu d’espoir de revoir la tornade à la sortie de la ville. Et pourtant, alors que nous en sortons, je vois réapparaître à ma gauche, derrière les arbres, un superbe tuba. Contrairement à ce à quoi nous nous attendions, la tornade est toujours là, et a même gagné en vigueur. Il est temps maintenant de s’en approcher. C’est à ce moment-là que je sors mon appareil photo et que je réalise mes premiers clichés.

La tornade reste généralement peu condensée près du sol, mais le diamètre de son buisson, au vu des débris tourbillonnants, doit approcher la centaine de mètres.

Le vortex principal tente alors de se condenser vers le bas.

Un nouvel allongement de la condensation voit le jour.

La tornade parvient très brièvement à se condenser jusqu’au niveau de sol. C’est probablement le moment où la tornade est à son maximum d’intensité à en juger par l’étendue du buisson de débris.

Finalement, la masse d’air s’assèche graduellement dans les basses couches, mais la tornade ne semble dans un premier temps pas perdre de son intensité.

Mais peu de temps après, elle finit par s’assécher entièrement et semble à présent se dissiper.

La tornade a finalement quasiment disparu et les derniers débris volants finissent par retomber. Antoine et moi sommes d’autant plus heureux car, étant en milieu rural, nous pensons que la tornade n’a pas fait de dégâts. Mais nous allons découvrir que ce n’est pas tout à fait vrai.

Nous croisons déjà quelques branches d’arbres.

Un peu plus loin, nous longeons un champ de tournesols bien abîmé.

En suivant le couloir de la tornade, nous constatons que les dégâts sont de plus en plus importants, comme par exemple cette série d’arbres étêtés.

Des branches ont réussi à atterrir à quelques dizaines de mètres de l’arbre sur lequel elles se trouvaient, dans un champ mal en point.

De l’autre côté d’un champ, un bois a lui aussi été victime du passage de la tornade, à en juger par ses nombreux arbres étêtés.

Alors que nous constatons les dégâts, un local vient vers nous et nous dit d’aller vers le Hameau du Liboreau, à Sonnac. D’après lui, la scène est apparemment digne d’un film catastrophe. Nous décidons d’aller voir ça de plus près.

En effet, dès l’entrée du village, nous tombons sur une maison dont l’une des fenêtres a été victime de projections de morceaux de bois. Plusieurs tuiles sont également manquantes sur le toit.

Et un peu plus loin, la scène est effectivement catastrophique. Le hameau a été sérieusement mis à mal par le passage de cette tornade en haut de l’échelle EF-2 (source).

Les vignes qui étaient prêtes pour la récolte sont totalement détruites, et rien ne semble récupérable.

L’hélicoptère Dragon 17 arrive en renfort afin de constater les dégâts.

Scène surréaliste d’une maison en pierre qui s’est entièrement écroulée.

Et enfin, c’est sur une image de l’ensemble du hameau que ce récit s’achève.

Récit : Axel Guibourg
Mise en page et relecture : Maxime Daviron, Will Hien

Pour aller plus loin :

Kéraunos – La tornade de Sonnac

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