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Filmer l’orage : matériel, techniques et conseils

par Christophe Asselin

Filmer un orage, c’est un peu comme filmer un bébé ou un chat. Des individus capricieux qui ne feront jamais ce que vous attendez d’eux et dont vous raterez toujours le meilleur moment. Devant un tel défi, il serait illusoire de croire qu’il existe un chemin tout tracé vers la perfection vidéographique ou un tuto qui vous mènerait directement à l’oscar de la communauté des chasseurs d’orages. Les mots d’ordre seront « adaptation » et « réactivité », avec une bonne dose d’ingéniosité voire même de bidouillerie, le tout couronné d’un peu de chance.

Ce guide est un condensé de connaissances et d’expériences personnelles mais ne doit pas faire oublier deux choses, certes quelque peu contradictoires :

  • La vidéo est un métier (moult métiers différents en fait) et on n’en apprendra pas ici tous les rudiments. Heureusement, il existe des millions de sites et vidéos Youtube pour ça ! Le prérequis favorable à la poursuite de ce dossier serait d’être au moins familier de l’usage basique d’un appareil de prises de vue en mode manuel à travers le triangle d’exposition et les termes qui y sont rattachés.
  • La vidéo est un domaine dans lequel la créativité est la clé. Ainsi, au delà du matériel ou des connaissances techniques, ce sont surtout les bonnes idées qui feront une bonne vidéo.

Maintenant que cela est dit, passons en revue quelques fondamentaux de la prise de vue orageuse via le choix du matériel, les techniques de tournage ainsi que quelques conseils de montage. Un dossier que j’ai souhaité le plus accessible possible aux néophytes mais n’hésitez pas à faire remonter vos questions pour que l’article soit complété si besoin.


I) LE MATÉRIEL

Le matériel vidéo peut vite s’avérer encombrant. Heureusement, vous n’avez pas forcément besoin de tout ça pour commencer.

L’image

On me demande souvent ce qu’il faut comme « matériel spécial pour faire des vidéos d’orages ». Je répondrai, en citant un célèbre chansonnier français, que « si tu veux faire des films, t’as juste besoin d’un truc qui filme ». 

Bon, il est vrai qu’en termes de technologies de prises de vue, tout est possible. De la simili Gopro achetée sur Wish à 12€ (plus proche de la patate que de la gopro), jusqu’à la caméra haute fréquence Phantom à 100 000€ permettant de réaliser ces prises de vue incroyables : Transcient. Et il existe effectivement des outils différents pour des usages différents. Néanmoins, en 2020, la plupart des matériels d’entrée de gamme sont en mesure de réaliser des vidéos très correctes. Alors pas forcément besoin d’investir déraisonnablement à vos débuts. Le mieux est probablement d’abord de vous fixer un budget qui ne vous empêche pas de payer le loyer (ou l’abonnement PS4 pour les plus jeunes) à la fin du mois. On va voir ensuite ce qu’on peut y faire entrer et ce qui peut correspondre à vos envies. En supposant que vous n’ayez pas déjà en stock tout ce qu’il faut pour débuter. Auquel cas, vous pouvez sauter 2 ou 3 paragraphes !

Vraie caméra ou appareil photo multitâches ?

Depuis la révolution proposée en 2008 par Canon au travers de ses boîtiers reflex 5D Mark II et 7D (dont je fus l’heureux acquéreur à l’époque), on a l’avantage de disposer d’appareils très polyvalents pour réaliser autant des photos que de l’image en mouvement. Nous montrerons plus loin que cela peut avoir ses inconvénients, mais globalement c’est une chance de pouvoir passer d’un mode à l’autre dans une activité qui demande… de la réactivité ! C’est bien, vous suivez !

D’ailleurs, c’est pour ça qu’il n’existe quasiment plus de caméscopes grand public. Leur intérêt est limité sachant qu’on peut obtenir souvent de meilleures images grâce aux capteurs plus larges des appareils photo. Le seul intérêt de se tourner vers des caméras avec la vidéo pour unique attribut se trouvera dans du matériel plus haut de gamme, si vous souhaitez avoir accès à des fonctions très spécifiques, à une ergonomie non polluée par les options photo, ou à des connectiques audio de qualité professionnelle. Je vais supposer que ce n’est pas le cas de la grande majorité d’entre vous, ou bien vous ne seriez probablement pas en train de lire ces lignes.

Viendra alors le choix de votre écurie. Si en matière de vidéo sur les boîtiers photo, ce sont surtout Sony, Canon et Panasonic qui se tirent la bourre pour la première place du podium, Nikon n’est pas loin derrière, et les outsiders comme Fujifilm ou Olympus proposent également de très bonnes solutions. Sans pouvoir rentrer dans les tous les détails de leurs spécifications, voici les principaux paramètres à repérer sur la fiche technique :

  • La taille du capteur : Elle définira en bonne partie le rendu final de l’image. Attention, ce n’est pas le nombre de mégapixels, souvent mis en avant par les constructeurs, qui garantissent la qualité de l’image, surtout en vidéo ! On se penche ici sur les dimensions physiques du capteur, en millimètres (voire en pouces). Et en théorie, plus il y a de mégapixels sur un capteur de dimensions identiques, moins la qualité sera au rendez-vous car il sera plus difficile pour chaque minuscule sous-élément du capteur de collecter la lumière. Autrement dit, oui, c’est la taille qui compte !
    Ainsi, la dimension des capteurs est un marqueur de gamme assez prépondérant. Les appareils du bas de l’échelle proposent en général des capteurs de 1 pouce ou moins (8,8 mm x 13,2 mm), puis viennent en milieu de gamme les capteurs micro 4/3 chez Panasonic et Olympus, puis les dits APS-C chez Canon/Nikon (entre 27 et 35 mm de diamètre). Enfin, le roi est le capteur Plein Format (ou Full Frame, soit 24×36 mm), présent dans les appareils les plus haut de gamme. C’est le format historique des pellicules 35 mm d’antan.
    Je passe sur d’autres formats plus exotiques utilisés exclusivement en photographie.


    ©Moxyfire CC BY-SA 3.0

    Les différences de taille du capteur agiront principalement sur deux aspects de vos images en vidéo : la sensibilité en basse lumière ainsi que la profondeur de champ. Comme on l’a vu avant, plus les photosites qui composent un capteur sont petits, plus ils ont du mal à imprimer la lumière. Un grand capteur leur laissera davantage de place pour agir, avec pour conséquence une diminution du « bruit numérique », le grain disgracieux présent dans l’image lorsque le ciel noircira et que vous devrez augmenter la sensibilité ISO. C’est ce qui justifie par exemple que le Sony A7S II, sorti en 2015, soit encore aujourd’hui une référence en matière de sensibilité en basses lumières, grâce à son capteur full-frame de seulement 12 mégapixels.

    La profondeur de champ quant à elle – c’est-à-dire la zone de netteté de votre image selon l’éloignement des plans – diminue au fur et à mesure que le capteur s’élargit. Les éléments qui sont hors de la zone de mise au point seront donc plus flous avec un grand capteur qu’avec un de taille inférieure. Le tout au profit d’un rendu de plus en plus « cinéma » qui peut s’avérer fort esthétique à condition de gérer correctement l’inclusion de premiers plans dans vos compositions. En revanche, on devra rester toujours très attentif à la qualité de la mise au point car un micro mouvement de la bague de focus suffira à rendre ce magnifique arcus magnifiquement flou.

    A noter que sur les appareils à objectifs interchangeables, la taille du capteur influe aussi le prix des objectifs en question. Car ces derniers sont en effet conçus pour une taille de capteur en particulier. Le « full-frame » requiert des optiques généralement plus grandes, plus lourdes, plus haut de gamme elles aussi, et donc plus coûteuses.
  • La définition d’enregistrement : La grande majorité des nouveaux produits filment en définition UHD (3840×2160 pixels, parfois indiqué comme « 2160p ») désignée commercialement comme étant de la « 4K » (à différencier de la 4K Cinéma en 4096×2160), mais si vous souhaitez vous tourner vers un boîtier d’occasion, vous pouvez tomber sur un appareil limité à la Full HD (1920×1080, noté 1080p). Cela peut vous sembler suffisant, surtout si vous ne possédez pas d’écran 4K pour rendre justice aux images tournées, mais n’oubliez pas que vos prises orageuses constituent des trophées que vous prendrez normalement plaisir à revisionner au bout de plusieurs années. La 4K devenant petit à petit la norme, le full HD va se montrer très vite obsolète et vous regretterez possiblement de ne pas avoir filmé l’orage de votre vie en qualité optimale. A contrario, il est vrai que la 4K nécessite un espace de stockage supérieur, autant sur la carte mémoire que sur les disques durs ensuite. Sans compter la puissance de traitement de l’ordinateur pour lire correctement les fichiers ou les monter. Bref, des frais annexes qui sont à prendre en considération. Mais si vous en avez la possibilité, optez pour le 4k et son image 4 fois plus détaillée que le Full HD.
  • Les fréquences d’enregistrement : C’est le nombre d’images tournées par seconde. La fréquence d’enregistrement et de diffusion des vidéos la plus classique est en 25 images par seconde dans nos contrées (30 aux Etats-Unis ou en Asie). Les appareils proposent donc forcément cette fréquence de prise de vue, mais ils offrent parfois la possibilité d’aller jusqu’à 50/60 images, voire 100/120, dans des définitions moins élevées. Capter 2 fois plus d’images par seconde, c’est la possibilité de ralentir le rush à 50% de sa vitesse en le ramenant à 25 fps (frames per second). Autrement dit, c’est la capacité de l’appareil à réaliser des ralentis intéressants au montage. Il est toutefois également possible de publier la vidéo directement avec une fréquence de 50 images par secondes pour un rendu plus fluide qu’habituellement. Youtube en tout cas offre cette option. Un effet qui aura tendance à casser par contre le rendu cinématographique tant nous sommes habitués à visionner des films en 24 images/seconde.

    Est-ce que ça veut dire qu’il est impératif de choisir une caméra avec la plus haute fréquence possible pour réaliser de superbes ralentis sur les éclairs ? Eh bien, ce n’est pas tout à fait aussi simple… à cause de :
L’enfer du rolling shutter

La quasi totalité des caméras actuelles ont recours à cette technique d’enregistrement très problématique pour nous lorsqu’il s’agit de filmer la foudre. En effet, les 25 images par seconde constituant la vidéo ne sont pas tout à fait 25 photos capturées l’une après l’autre par l’appareil. L’obturateur procède par balayage pour enregistrer les informations. C’est à dire qu’il scanne le capteur ligne par ligne, du haut vers le bas, en continu. Avec pour incidence principale, le fait que le bas de l’image ne soit pas scanné au même moment que le haut. Les éclairs ne durant en général qu’une fraction de seconde, il est donc très courant de se retrouver avec une foudre tranchée en deux à l’image, ou avec des bandes de différentes luminosité.

Les joies du rolling shutter.

Dans certaines situations, si la décharge électrique est plus longue ou de type inter-nuageuse contenue dans une seule partie de l’image, il est possible de ne pas avoir ces artefacts mais je dirais que cela représente moins de 10% des cas sur la majorité des appareils. Car la vitesse de cet « obturateur déroulant » dépend aussi de chaque caméra et certaines s’en sortent mieux que d’autres. Ne comptez pas néanmoins trouver cette information sur les fiches de spécifications. Ce post de forum (en anglais) liste la rapidité de balayage, en millisecondes, de nombreux appareils plus ou moins récents, en fonction des modes de prises de vue. Une plus grande rapidité est théoriquement meilleure.

En parlant de théorie, le fait d’augmenter le nombre d’images par seconde pourrait paraître, en principe, une bonne idée. Toutefois, dans la réalité, cela correspond à capter encore plus de variations de luminosité de l’éclair pendant son occurrence et rien ne garantit que le résultat sera plus propre.

En bref, la variabilité est telle d’une situation à l’autre, qu’il n’y a pas de solution miracle, si ce n’est celle de se tourner vers les TRÈS rares caméras à global shutter du marché, dont seules deux références sont « abordables » pour le grand public : les Blackmagic Ursa Mini 4K et Blackmagic Production Cinema 4K, à trouver toutes deux sur le marché de l’occasion. La seconde est par exemple utilisée par le chasseur américain Hank Schyma dont les vidéos de foudre sont justement incontournables. Un dossier plus complet sur ces caméras sera disponible prochainement sur le site. 

On devra par contre faire des concessions sur la qualité de l’image en basse lumière ou sur la résistance aux conditions extérieures. Il s’agit de caméras plutôt adaptées à des tournages en studio ou dans des environnement contrôlés. Voilà qui m’amène à aborder le dernier point à vérifier avant l’achat, même si ce n’est pas vraiment spécifique à la vidéo :

La tropicalisation
Les joints de tropicalisation du Canon EOS R.

On nomme ainsi le fait qu’un appareil photo soit protégé à minima des intrusions d’humidité ou de poussière via les interstices entre les différentes parties de son boîtier. Les boutons, trappes de cartes mémoire/batterie, et les diverses connectiques, sont autant de portes d’entrée pour les grosses gouttes de l’orage et les grains de sable soulevés par le vent. Si nous ne sommes pas en sucre, les appareils eux sont bourrés d’électronique très sensible à l’humidité ! Là où les boîtiers haut de gamme proposent quasiment toujours une tropicalisation complète, c’est déjà beaucoup moins le cas quand on restreint le budget. Toutes les marques ne sont pas non plus sur un pied d’égalité. J’en tiens pour exemple mon Sony A7R II de 2016 ayant démontré à plusieurs reprises une sensibilité bien plus marquée à l’humidité que mon Canon 7D de 2010.

Encore une fois, il ne s’agit pas forcément d’une donnée « mesurable » et certains constructeurs en profitent pour afficher des « semi-tropicalisations » ou « joints renforcés » dont on ne connaît pas la réelle qualité. Et « tropicalisé » ne signifiera jamais « waterproof » ! Je vous invite donc à vous référer à des avis d’utilisateurs sur la manipulation de leurs matériels dans des conditions pluvieuses ou d’extrêmes thermiques, même s’il me paraît de toute façon utile de prendre des précautions supplémentaires sur le terrain, grâce à des housses anti-pluie ou autres montages fait-maison dans l’espoir de prolonger la durée de vie de votre matos.

Pour le reste des caractéristiques et qualités propres à chacun des concurrents du marché, je vous incite nettement à fouiller les sites de tests et de comparatifs spécialisés. Et à ne SURTOUT PAS vous en remettre à l’avis du vendeur de la Fnac.

Quels objectifs pour la vidéo ?

A l’inverse de la photo où l’on peut éventuellement décider de réaliser des séries à l’aide d’une même optique ou de mêmes longueurs focale (la valeur du zoom), la vidéo appelle à plus de diversité. Posséder un panel de focales différentes vous permettra de varier suffisamment vos plans pour donner vie à vos montages.

Il convient d’abord de rappeler qu’une focale donnée n’offre pas tout à fait le même angle de vue selon la taille de votre capteur. Mais restons-en aux généralités :

  • Les objectifs trans-standards (souvent 18-55mm sur les APS-C, 24-70 ou 24-105mm sur les full-frame) proposés en kit à l’achat d’un nouvel appareil sont polyvalents, et il est très rapide de switcher entre des valeurs de zoom assez différentes, c’est donc un bon point pour la réactivité ! En revanche, ils n’excelleront pas dans leurs qualités optiques. A privilégier sur des séquences de chasses rapides, dans le cœur de l’action, quand le temps manque pour changer d’objectif.
  • À 18 ou 24mm au plus large, selon son capteur, on se trouvera rapidement limités quand il s’agira de rendre toute la grandeur des structures orageuses. C’est là qu’interviennent les ultra grand angle (fisheye 8mm, 10-22mm, 16-35m, etc.). Faisant inévitablement partie de votre attirail si vous réalisez déjà des photos, ils possèdent l’avantage d’atténuer la perception des vibrations ou mouvements parasites que vous pourrez faire en filmant à main levée.
  • Enfin, un téléobjectif permettra d’aller chercher des détails de l’orage ou bien de faire des plans macro de papillons en attendant le « mauvais » temps. Ici, rien de bien spécifique à la vidéo, si ce n’est que nombre de téléobjectifs ont l’inconvénient de ne pas laisser entrer beaucoup de lumière au maximum de leur plage de zoom. Et c’est bien cette dernière notion qui est essentielle en vidéo. La montée en ISO entraîne un grain bien plus notable et moins facilement traitable en vidéo qu’en photo. De plus, on ne peut évidemment pas faire descendre sa vitesse d’obturation en dessous de sa fréquence d’enregistrement. C’est-à-dire que pour une vidéo tournée en 25 fps, chaque image ne pourra être exposée au maximum qu’1/25è de seconde, là où une photo peut se permettre de poser quelques secondes. Vous comprenez ainsi pourquoi les modes haute fréquence à 50 ou 100 fps demandent encore plus de lumière.
Quelques valeurs de diaph’ supplémentaires font une grosse différence ! (©KoeppiK)

En résumé, il faut donc dans l’idéal des objectifs très lumineux pour la vidéo d’orage, tant nous sommes régulièrement confrontés à des scènes obscures. Les objectifs qui ouvrent à f/2,8 ou au delà sont immanquablement plus chers mais si vous en avez les moyens ou si vous hésitez entre plusieurs critères, celui-ci est prépondérant. D’autant plus si votre vidéo est moins axée sur le côté « reportage » que sur de l’artistique pur ayant comme priorité la beauté des images. En vue d’une qualité optique encore supérieure, on envisagera de se tourner vers des focales fixes (primes lenses) avec tout ce que cela implique comme risques liés au changements fréquents d’objectifs : capteur exposé aux poussières et à l’humidité, bêtises diverses dans la précipitation…

Dernier élément favorable à la prise de vue vidéo : la stabilisation optique. Les objectifs stabilisés éviteront bon nombre de sensations nauséeuses lors du visionnage de vos exploits. C’est donc un paramètre à ne pas négliger lors de l’achat et ce, même si les appareils récents tendent à intégrer la stabilisation directement au niveau du capteur.  On y revient juste après.

Les action cams

Attrayantes de par leur encombrement réduit et leur simplicité d’utilisation, les action cams sont souvent aux avant-postes. Malgré le (gros) fléchissement de l’hégémonie Gopro ces dernières années, qui ne connaît pas la marque ayant démocratisé les caméras embarquées ? Quoi de plus naturel alors que de se tourner vers ce type de matériel dont l’étanchéité peut s’avérer un argument implacable vis à vis de nos activités humides ? Pourrait-on se contenter d’une Gopro comme unique caméra ?

Aussi séduisantes soient-elles, il faut bien avoir conscience des limitations de ces machines dont les capteurs sont aussi petits que le boîtier est exigu. Une telle contrainte de taille aura un impact sur la qualité d’image, particulièrement lorsque la luminosité viendra à baisser (ça, vous l’avez déjà compris si vous suivez toujours !). Ce qui, avouons-le, n’est pas rare sous les orages. Par ailleurs, elles offrent des angles de vue très larges, intéressants à plus d’un titre, mais excluant de fait la possibilité de zoomer sur des zones intéressantes de l’orage, ou tout simplement de varier vos types de plans. Bien qu’il existe souvent la possibilité de switcher entre 2 ou 3 fields-of-view (FOV) pour réduire l’angle de la scène capturée – et encore, pas dans tous les modes – la manip’ est plus alambiquée que de simplement tourner la bague de zoom d’un objectif. En bref, une action cam devrait plutôt se restreindre à des usages particuliers et ne pourra pas supplanter une caméra « classique ».

Alors évidemment, elle excellera par contre dans ce pourquoi elle a été conçue, c’est-à-dire capturer des scènes en continu, placée dans des recoins plus ou moins incongrus de votre véhicule. C’est la caméra qui permet de garder une vue d’ensemble de ce qui se passe, pendant que vous réalisez des plans avec un autre appareil. Ce sera aussi le moyen de dynamiser vos montages à travers des séquences d’action en voiture, de proposer des angles originaux sur votre logistique personnelle, à défaut de pouvoir le faire sur le ciel. 

Un peu de stabilité…

Bien qu’adorateurs de l’instabilité météorologique, nous allons aborder le principe de la stabilité vidéographique. Personne ne regardera votre vidéo si elle bouge dans tous les sens du début jusqu’à la fin. Vous me direz, c’est un peu gonflé de la part d’un gars qui a réalisé une websérie où ça gigote beaucoup et où il y a parfois des séquences filmées à l’arrache. Disons qu’il y a sans doute matière à trouver un équilibre entre des scènes d’immersion un peu « sales » et des plans contemplatifs reposants à base de mouvements légers et fluides. En accord bien sûr avec la direction artistique de votre projet (nous y reviendrons plus tard).

Concernant la stabilité, donc, un trépied photo pourra tout à fait convenir sans nécessiter de se tourner vers les vrais trépieds vidéo dont les tarifs peuvent s’envoler très haut. Surtout que les trépieds photos sont parfois plus facilement adaptables à des terrains accidentés tels que nous les rencontrons. Il faudra simplement veiller à ne pas avoir un modèle trop léger, de type tout premier prix en plastique, ou trépied compact en carbone. Ballotés par le vent, ils laisseront immanquablement apparaître sur vos plans de fâcheuses vibrations. Celles-ci ne sont pas toujours perceptibles sur le petit écran de votre appareil mais elles seront gênantes sur grand écran.

La Manfrotto MVH502A pour des mouvements fluides.

De préférence, et pour aller plus loin dans ce que vous pouvez faire, il sera bon d’avoir au moins sur son trépied une rotule consacrée à la vidéo, à savoir une « tête fluide ». En vidéo, il eut été dommage de nous contenter exclusivement de plans fixes. Avec une telle rotule, vous aurez la possibilité de réaliser des mouvements panoramiques (de gauche à droite, de haut en bas…) sans à-coups. Les panoramiques ont tendance à donner de la profondeur aux paysages et à rendre mieux compte de la magnificence de l’orage qui approche sur l’horizon. Malheureusement, la rotule n’est pas toujours interchangeable sur les trépieds photo d’entrée de gamme. A prendre en compte si vous souhaitiez juste « pimper » votre trépied déjà possédé.

Une bonne partie de la chasse se déroulant sur la route, et les mains du conducteur étant en principe consacrées au pilotage, dénicher des systèmes de fixation pour le véhicule semble judicieux (à moins d’être accompagné d’un co-pilote aux bras d’acier). À destination des gopro et autres action cams, les petites ventouses sont trouvables très facilement et se collent aussi bien sur les vitres que sur la carrosserie à l’extérieur. Dans cette seconde option, je vous conseille toutefois de vérifier que la carrosserie et la surface de la ventouse sont bien propres avant de procéder à l’installation. La poussière, ou pire, le pollen, sont les principaux ennemis de cette relation de proximité. Pour parer à tout drame éventuel, je préconise d’assurer l’installation en utilisant des câbles ou autre attaches reliant la gopro à la voiture et constituant une sécurité supplémentaire (une ficelle solide peut suffire). Autre bonne idée de Monsieur Prudent : indiquez vos coordonnées sur la caméra dans l’hypothèse où vous la perdriez en quelconque circonstances. J’aime à croire qu’il existe encore quelques bonnes âmes capables de vous la rendre le cas échéant.    

Votre appareil photo nécessitera une fixation plus solide. Pour ce faire, des ventouses de plus gros calibre existent, voire même des systèmes de doubles-ventouses. Le fat gecko, du nom d’un célèbre reptile aux pattes adhésives, m’a rendu de fiers services au fil des saisons. Les supports pour ordinateur voués à être fixés à la base du siège passager peuvent également faire office de bras articulé pour un appareil ou une caméra.

Les plus bricoleurs d’entre vous auront tout avantage à échafauder des systèmes fait maison et adaptés autant à votre matériel qu’à vos usages. Le coup de la planche ou du rail positionné au dessus du siège passager, si vous chassez seul, est autant utile à la photographie de foudre depuis l’intérieur de la voiture qu’au potentiel arrimage de son appareil en vue de filmer pendant la conduite. Vous êtes invités d’ailleurs à partager vos créations sur le forum

Pour terminer, quid des fameux stabilisateurs gyroscopiques ayant débarqué dans le monde de l’audiovisuel grâce encore à DJI ? Ces baguettes magiques équipées de nacelles motorisées font effectivement des prouesses quand il s’agit de stabiliser des plans aux ambitions plus ou moins marquées. Il est possible de réaliser des mouvements sur plusieurs axes (avancer vers le sujet tout en pivotant la caméra par exemple) et de pratiquer la musculation des biceps au passage. C’est le genre d’images qui nécessitera le plus souvent de mettre en scène un personnage, ou au moins un premier plan très marqué. Une fois maîtrisé, l’outil peut donner des résultats fantastiques, mais je trouve qu’il est difficilement adaptable à l’environnement de la chasse orageuse. Le système est relativement long à configurer et suffisamment fragile pour nécessiter un rangement précautionneux entre chaque prise. Cela étant, si vous recherchez à ponctuer vos montages de plans uniques ou si vous avez pour projet de valoriser au maximum les orages rencontrés plutôt que de les chasser tambour battant, voici un moyen très approprié de le faire.

Un drone ?

Les drones sont partout depuis quelques années, et il n’est pas étonnant de les voir compléter l’arsenal de certains chasseurs (moi le premier). Ils autorisent des points de vue inédits sur les cieux orageux, ou bien peuvent mener à des parenthèses paysagères appréciables dans une longue vidéo de chasse. L’avantage est qu’ils sont désormais quasiment à la portée de tous, autant en terme de budget qu’en matière de pilotage. Chez DJI par exemple, le Mavic Mini n’est qu’à 400€ au moment où j’écris ces lignes. Il permet une très belle entrée en matière avec un encombrement incroyablement réduit. Des appareils un peu plus performants (mais pas interdits aux amateurs) ont permis lors des dernières saisons de capter d’incroyables images des tornades américaines.

Toutefois, il faut avoir conscience de ce qu’implique leur manoeuvrage en conditions mouvementées. Vous n’êtes pas sans savoir que les orages sont cernés de courants venteux assez puissants. Malgré les prouesses de technologies que constituent ces drones, leur pilotage devient déjà plus périlleux au delà de 40/50 Km/h de vent. Des valeurs rapidement dépassées avec l’altitude même lorsque tout paraît calme près du sol. Ce facteur de risque est donc à prendre en compte, les chances de crash en cas de perte de contrôle n’étant pas négligeables. A ce sujet, pensez absolument à prendre en compte la direction du vent ! Si vous devez voler face au vent pour le retour, la batterie pourrait se vider de manière exponentielle tandis que l’appareil volera très lentement vers son point de départ. D’aucuns me trouveront rabat-joie sur ce thème mais je préfère que tout le monde ait conscience que la beauté de ces images côtoie un risque réel de voir quelques centaines d’euros disparaître en quelques secondes. Sans compter les risques induits par la pluie et la grêle, dont il est difficile d’estimer la localisation précise à l’oeil nu (encore que la résistance des drones à la pluie est étonnamment bonne dans pas mal d’exemples que j’ai pu observer).

Sur le plan des autres inconvénients, on peut naviguer ici à l’encontre du principe de réactivité, puisque le drone prend un minimum de temps à déployer puis à opérer. Tout dépend donc de votre style plus ou moins agressif de chasse mais il est fort probable que vous n’ayez pas le temps de le sortir à toutes les occasions. Et ce temps consacré au pilotage ne pourra pas l’être pour des prises de vue au sol.

D’un point de vue personnel, je trouve également que ces images aériennes ne rendent pas toujours au mieux les paysages orageux. La hauteur a tendance à écraser les dimensions de l’orage par ailleurs impressionnantes depuis le sol. Le grand angle et l’éloignement rendent la perception des mouvements nuageux difficile, à moins d’utiliser une fonction d’hyperlapse… ou de filmer une tornade (bonne chance).

Le drone est donc un outil nouveau aux possibilités incroyables mais à utiliser selon moi avec beaucoup de jugeote et de réflexion tant il ne sera pas exploitable en toutes circonstances. 

Le son

Oui, le SON ! Je me permets d’insister sur ce point, et j’aurais presque dû remonter ce paragraphe en premier tant le son est généralement négligé, alors qu’il est presque plus important que l’image. On passera volontiers les défauts visuels d’une vidéo si elle raconte quelque chose d’intéressant, mais un son inaudible ou complètement saturé est rédhibitoire. Cette règle qui est vraie pour tout type de contenus vidéo n’est pas sans incidence sur notre pratique orageuse, où nous devons faire face quotidiennement au plus grand ennemi de la prise de son : le vent ! Voyons d’abord les principaux types de micro dans lesquels il est envisageable d’investir, puis nous tenterons de nous prémunir de ces fâcheuses rafales.

Les micros d’ambiance

Les plus connus d’entre eux, destinés à une fixation sur la griffe supérieure des appareils reflex ou hybrides, sont probablement les micros de la marque australienne Rode. Offrant une qualité audio très satisfaisante pour des tarifs non exorbitants, ils constituent un très bon choix de référence. Cependant, d’autres marques agissent sur le même segment avec des résultats tout aussi probants, à des prix parfois moins élevés. Là encore, je vous invite à vous rapprocher de sites de comparatifs et de tests de ce type de matériel, ou à des vidéos Youtube qui vous permettront d’écouter les différents rendus sonores. Il y a une part de subjectif dans l’appréciation ou non des performances audio de chaque modèle. Veillez toutefois à ce qu’il s’agisse de micros en connectique Jack si vous souhaitez les brancher tel quel sur votre boîtier. Les modèles un peu plus pointus emploient des câbles XLR pour lesquels il vous faudra du matériel supplémentaire. D’ailleurs, il est possible que votre appareil petit budget ne possède même pas d’entrée micro. Dans ce cas, un enregistreur audio déporté peut faire l’affaire (voir plus bas) pour un prix moindre que le rachat d’un boîtier.

Sans rentrer dans tous les détails, je me pencherai ici sur la caractéristique des microphones ayant son importance sur le terrain : la directivité.
Il existe très grossièrement deux types de directivité chez ces micros pour caméras, c’est-à-dire deux façons différentes de capter les sons qui les entoure. Les micros qu’on appelle « cardioïde » ou « hyper-cardioïde » privilégient les sources sonores qui proviennent de l’avant, excluant ce qui se situe derrière eux (à part une petite portion proche du micro pour l’hyper-cardioïde). Optimal pour isoler la voix d’une personne qui parle face caméra d’un éventuel vacarme routier dans votre dos. Les micros dits « canons » sont eux-aussi orientés vers l’avant mais vont chercher encore plus loin les ondes sonores en ciblant uniquement dans l’axe du micro.

A l’opposé, les micros dits omnidirectionnels captent, comme leur nom l’indique de manière assez maligne, les sons provenants de toutes les directions. Cela permet de retranscrire de manière plus fidèle les ambiances sonores d’un environnement (oiseaux chantonnants, tonnerre grondouillant).

La représentation schématique du champ d’action (on image que le micro est au niveau du point rouge et orienté vers le haut)

En fonction du budget, il peut être intéressant d’acquérir plusieurs types de micro pour s’adapter aux différentes situations rencontrées.

Les micros cravate

Ces minuscules capsules positionnées sur la poitrine via une pince ou tout autre système adhésif sont indispensables pour enregistrer la voix de quelqu’un qui parle loin du micro de la caméra ou dans un milieu par ailleurs bruyant. Si la parole a une place prépondérante dans votre projet vidéo, c’est sans doute un des meilleurs achats que vous pourrez faire. Par contre, à moins de dérouler plusieurs mètres de câble vers la caméra, vous aurez besoin d’un système complémentaire pour enregistrer votre son : soit un système de transmission sans fil avec un émetteur sur lequel est branché le micro et qui communique à un récepteur connecté côté caméra (auquel cas je recommande le Rode Wireless Go) ; soit un petit enregistreur audio placé dans votre poche (tel que le Zoom H1). La tâche supplémentaire sera de synchroniser ensuite le son et l’image en post-production (d’où l’importance du fameux clap).

Parlons justement de ces enregistreurs.

Les enregistreurs audio

Ces boîtiers permettent comme vous l’imaginez d’opérer des prises de son indépendamment de toute caméra, directement sur une carte mémoire. La majorité d’entre eux sont équipés de micros intégrés mais possèdent aussi des ports jack et/ou XLR autorisant la connexion d’autres sources audio. C’est utile dans le cas où vous souhaiteriez enregistrer à la fois votre voix et également un son d’ambiance générale. Les deux éléments seront synchronisés sur des pistes séparées, que vous pourrez utiliser à votre bon vouloir au moment du montage. Avec une oreille aiguisée, vous remarquerez aussi que la qualité sonore est bien meilleure avec ce type d’enregistreur que lorsque le son est directement « injecté » dans la caméra. L’avantage est enfin de pouvoir laisser tourner plus longtemps un enregistreur audio tant la taille des fichiers est minime par rapport aux rushes video. Idem quant à la consommation de la batterie

La bataille du vent

Mais alors comment empêcher ce satané vent de saturer et ruiner le son de tous nos micros ? Le seul remède est à chercher du côté de bonnettes aux poils longs et soyeux. Ces fourrures touffues sont appelées dans le jargon des dead cats mais n’ont bien heureusement rien d’autre en commun que l’apparence avec nos amis à 4 pattes. Existantes pour tous les types de micros, vendues parfois sous le nom de « wind screens », elles sauveront nombre de vos enregistrements. 

Les micros voix

Très largement popularisés par l’avènement du gaming et des lives Twitch, ainsi que par le développement des podcasts audio indépendants, un vrai micro voix est recommandé pour l’enregistrement de vos voix off. Le rendu est bien différent d’un micro-cravate, qui s’il est idéal sur le terrain, ne rend pas toute la richesse et les nuances de votre douce voix quand il s’agit de narrer vos aventures. Les cravate ont des plages de fréquence plus réduites et, de par leur nature omnidirectionnelles, pourront capter des sons parasites venant perturber la clarté du commentaire audio.

Divers accessoires aident justement à supprimer tous les défauts de l’enregistrement, tels que les filtres anti-pop destinés à atténuer le souffle émanant de certaines lettres « percutantes » ou bien les boucliers acoustiques placés autour du micro pour une éviter une réverbération de votre voix sur les murs et autres objets de votre pièce. Il est très facile de réaliser ce dernier élément pour pas un copec à l’aide de mousses voire d’oreillers trouvés à la maison et qu’on placera en arc de cercle autour du micro.


La première partie de ce guide était destinée à vous présenter les principaux outils pouvant faire déborder votre sac à dos, mais nul besoin de tout posséder pour se lancer dans la vidéo ! Même si vous n’avez pour l’instant « qu’un truc qui filme », vous êtes chaleureusement invités à passer à la pratique.


II ) LES TECHNIQUES DE TOURNAGE

Les répétitions

Avoir du matériel, c’est bien, mais une caméra aussi haut de gamme soit-elle ne fera pas le travail toute seule sur le terrain. Vous restez avant tout l’opérateur, voire « chef opérateur » comme on dit dans le métier. De cette responsabilité découle une évidence : il vous faut être en mesure d’opérer correctement votre caméra. L’énoncer ainsi peut sembler idiot, mais la connaissance parfaite des fonctions de base de votre appareil fera la différence en conditions orageuses, lorsque vous serez soit submergés par l’adrénaline d’un moment rare, soit soumis à différentes contraintes de votre environnement (au choix, pluie dans la face, rafales à 90 et autres agriculteurs peu heureux de vous voir piétiner leur champ). En bref, pour être suffisamment réactif et s’adapter aux événements orageux, il faut maîtriser son matériel parfaitement. Et ne surtout pas avoir peur de s’aventurer en dehors du mode « automatique ».

La lecture de la notice peut constituer un bon prérequis en ce sens. Une pratique qui me semble pourtant en perte de vitesse au vu des questions parfois basiques disséminées sur les réseaux sociaux. On vous y répondra d’ailleurs peut-être de RTFM (Read The Fuc**** Manual) alors parcourez ce fichu manuel et vous y trouverez souvent des fonctions insoupçonnées dont l’usage pourra améliorer vos prises de vue. 

Ceci n’est pas un livre de coloriage.

En parlant d’usage, s’entraîner à manipuler les réglages en périodes creuses paraît tout aussi recommandable. Avec un peu d’imagination, échafaudez des scénarios orageux nécessitant différents types de réglages et répétez ces navigations de menus ou activations d’options plusieurs fois. Grâce à la mémoire musculaire, la même qui permet de progresser à la guitare ou au piano, ces réglages deviendront des réflexes et des automatismes fort utiles dans les conditions extrêmes décrites précédemment.

Autre petit jeu à faire : chronométrer le dépliage et repliage de votre trépied. Ces quelques secondes gagnées à force d’entraînement sont celles qui vous permettront de ne pas rater le prochain éclair.

Vous vous êtes entraînés tout l’hiver et êtes impatients de vous lancer pour de bon ? Le dernier run du modèle Arôme fait fleurir des tâches rouges sur toute votre région ? Alors allons enfin filmer l’orage !

Filmer l’orage, enfin !

Nous l’avons vu au moment de choisir le matériel, en vidéo plus encore qu’en photo, il est important d’éviter au maximum la montée en sensibilité ISO pour limiter l’apparition de bruit numérique (grain) sur l’image. Ainsi, vos réglages de l’exposition vont devoir en priorité faire jouer le diaphragme avant les ISO et même avant le shutter speed (vitesse d’obturation). En effet, il est très déconseillé en vidéo d’avoir une vitesse d’obturation très courte sur les scènes en mouvement. Ceci a tendance à provoquer une impression de déplacements saccadés. Dans l’idéal, la vitesse d’obturation doit toujours correspondre à deux fois la fréquence d’enregistrement. En 25 fps, cela donne du 1/50è de seconde. En 50 fps, 1/100è de seconde, etc. On obtiendra ainsi un flou de mouvement naturel. C’est ce qui explique qu’on n’est donc pas censé utiliser ce paramètre pour faire évoluer l’exposition de son image en vidéo. Il doit normalement rester constant. 

Dans la pratique, c’est plus compliqué, car de telles valeurs entraînent systématiquement une surexposition en pleine journée, chaque frame étant exposée trop longtemps. La solution est alors de se tourner vers des filtres neutres destinés à diminuer la quantité de lumière pénétrant l’objectif, afin de pouvoir conserver un shutter speed lent. Ces filtres utilisés aussi en photo pour obtenir des effets particuliers existent en plusieurs valeurs, notées par les lettres ND (neutral density) suivies d’un coefficient de densité. Plus la valeur en est élevé, plus la lamelle est opaque. Un filtre ND 128 par exemple, laisse entrer beaucoup moins de lumière qu’un filtre ND 4. Je vous renvoie vers le tableau sur Wikipedia pour mieux comprendre.

Afin d’éviter de trimballer des milliers de filtres, il existe heureusement des versions variables, venant se visser sur l’extrémité de l’objectif et dont la densité change lorsque l’on tourne la bague. Une perte de qualité optique peut en revanche s’observer par rapport à des filtres fixes, mais vous aurez au moins la possibilité de ralentir votre vitesse d’obturation ou d’ouvrir votre diaphragme même en plein soleil, afin par exemple d’obtenir une plus faible profondeur de champ.

On comprend ici que les réglages adaptés à la vidéo ne le seront pas forcément pour la photo, et inversement. Chose qu’il faudra prendre en compte si vous transitez régulièrement d’un mode à l’autre.

Autre réglage auquel il va falloir rester très attentif : la balance des blancs. Au cours d’une journée de chasse, nous changeons constamment de lumière et il est très facile de se retrouver avec une balance des blancs complètement irréaliste après un passage du plein soleil à un ciel très ennuagé. Ce défaut corrigeable facilement en photo l’est moins en vidéo, où les fichiers retiennent beaucoup moins d’informations chromatiques et où les formats d’encodage ne peuvent empêcher une dégradation de l’image dès qu’on les travaille au corps. Il semblerait tentant de laisser l’appareil gérer automatiquement la balance des blancs mais c’est souvent pire avec de possibles variations de la balance au sein d’un même plan qui rendent son utilisation quasi impensable au montage.

Les timelapses : photo ou vidéo ?

Les timelapses constituent bien souvent la pierre angulaire des montages orageux. Mettant en exergue les mouvements nuageux de belle manière, ils font cependant l’objet d’une interrogation récurrente : faut-il accélérer une vidéo ou plutôt réaliser des photos à intervalles réguliers ? Le choix de la qualité fait pencher la balance vers la prise de photos. La définition des images sera nettement supérieure, la précision des couleurs aussi. Si vous shootez en RAW, les possibilités de retouches seront sans commune mesure avec le travail d’un plan vidéo enregistré dans un codec très compressé. Paradoxalement, cette phase de post-traitement pourrait s’avérer plus contraignante car il faudra parfois traiter indépendamment différentes images de la série et gérer les phénomènes de flickering (changement d’exposition aléatoire entre plusieurs images, même avec des photos capturées en exposition manuelle). Il existe un excellent logiciel nommé LRTimelapse pour peaufiner ces séquences accélérées mais il reste à vous de voir si vous souhaitez vous embarquez dans une telle charge de travail.

Le timelapse photo a également comme contrainte de voir sa vitesse décidée au moment du tournage. C’est l’intervalle entre chaque image qui va déterminer la rapidité de défilement des nuages une fois qu’elles seront lues à 25 fps dans votre logiciel de montage. La plupart du temps, on peut considérer que des intervalles de 1 à 2 secondes donnent des résultats concluants sur les cieux orageux.

En conclusion, les photos garantissent une qualité bien supérieure à condition de passer du temps en post-traitement, mais elles n’égalent pas la flexibilité de la vidéo, que vous pourriez utiliser aussi à sa vitesse de lecture normale si un quelconque événement le nécessitait (coup de foudre esthétique ou tornade en formation, soyons fous !). Là encore, il faudra s’adapter aux circonstances.

Astuce : Repérer un éclair dans un long rush

Une bonne partie de notre chasse consiste à guetter ces éclairs fugaces. Tellement fugaces qu’ils sont difficiles à repérer ensuite au montage sur un clip vidéo de 15 minutes. Parce que rester collé à son écran sans cligner des yeux n’est pas forcément recommandable, une astuce consiste à penser, lors du tournage, à faire apparaître devant l’objectif votre main pendant une seconde ou deux après qu’un éclair ait traversé le paysage. Ainsi, vous retrouverez bien plus facilement les zones d’interêt dans un long rush. Avec pour contrepartie le fait de ne pas pouvoir l’utiliser en timelapse…

Les formes d’onde audio constituent aussi un point de repère parfois si le son du tonnerre est suffisamment démarqué du reste de l’ambiance audio. Dans les logiciels qui permettent leur affichage, c’est une autre approche envisageable.

Saurez-vous deviner combien d’impacts de foudre se sont abattus devant la caméra ?
Astuce #2 / Conseil d’ami pour vous sauver la vie :

Prière de ne jamais laisser un appareil sur trépied sans surveillance ! A l’approche de l’orage, les soudaines rafales sont si vite arrivées et votre boîtier si vite éclaté au sol, si vous me permettez l’expression.

Et votre âme d’artiste alors ?

Une fois toutes ces considérations techniques appréhendées, figurez-vous que le plus dur reste à faire ! Il va être temps désormais de se poser les bonnes questions ! Une vidéo se réfléchit idéalement avant le tournage, pour définir ce que vous voulez en faire d’un point de vue artistique. A qui cette vidéo s’adresse t-elle ? Qu’est-ce que vous avez envie d’y raconter ? De quelle manière ? 

Mais, me direz-vous, le but, c’était pas juste de filmer l’orage ? A vous de voir, mais ce qui fait le plus souvent la force d’une vidéo, c’est aussi l’histoire qui s’y déroule. C’est la possibilité pour le spectateur de s’identifier au protagoniste. Ce sont les rebondissements et les surprises.

Alors évidemment que l’imprévisibilité des phénomènes rencontrés constitue en soit une surprise, et qu’elle rend ces planifications difficiles. De plus, vous ne ramènerez pas forcément les images que vous aviez espérées. Evidemment que des choses vont se créer à l’étape du montage, mais avoir en tête une ébauche de votre film final au moment du tournage n’est jamais une mauvaise idée. Quels sont les plans qui vont vous permettre de faire la transition entre deux séquences par exemple ? Ou bien comment introduire votre vidéo pour ne pas forcément arriver comme un cheveu sur l’orage ? Auquel cas, il pourrait s’avérer utile de filmer plein de choses avant même que la dégradation météo ne s’amorce. En fait, à mon sens, une bonne vidéo d’orage est une vidéo qui ne montre pas que de l’orage. Il s’agit certainement d’une sensibilité personnelle contestable, mais une chose est sûre : vous gagnerez toujours à vous demander pourquoi vous filmez un plan en particulier.

En toutes circonstances, l’expérimentation est la clé. Profitez des temps morts d’une chasse pour tenter des nouvelles choses. Ne laissez pas la fatigue ou la fainéantise vous empêcher de réaliser des plans dont vous pourriez regretter l’absence au montage, et dont vous pourriez à l’inverse être extrêmement fiers s’ils sont réussis. J’ai conscience qu’il est parfois difficile d’appliquer ce précepte, tant la fatigue ou les émotions peuvent entamer la motivation, mais pensez encore et toujours au montage. Au plaisir que vous aurez de disposer du maximum de beaux rushes pour monter une vidéo au top.


III ) DES CONSEILS DE MONTAGE

Transmettre des émotions

Vous êtes rentrés à la maison à 4h du mat’, après une chasse mémorable. Plutôt que de prendre le temps de décrotter vos baskets qui traînent dans l’entrée, vous vous êtes jetés sur vos rushes dans l’espoir de les partager au monde le plus vite possible sur votre chaîne Youtube. Ou alors vous êtes juste impatients de mettre en forme tous ces clips disparates, de rassembler vos souvenirs en un objet concret que sera votre vidéo terminée. Très bien, mais ne faisons pas ça n’importe comment !

Vous avez probablement vécu à travers votre chasse des émotions folles. Il convient maintenant de les retranscrire à votre futur spectateur. Là encore, je peux paraître enfoncer des portes ouvertes, mais il m’arrive très souvent de tomber sur des montages vidéo qui, à mon sens, faillissent à ce principe simple. Une compilation de ciels chaotiques ou d’éclairs peut suffire à toucher les passionnés que nous sommes, mais il me semble intéressant d’aller plus loin en soignant autant le contenant que le contenu. On en revient à la notion d’histoire à raconter déjà évoquée plus haut. Quand bien même vous ne décideriez de mettre en scène que l’orage lui-même, il a probablement connu des phases de vie très différentes aux manifestations plus ou moins violentes et plus ou moins esthétiques. C’est probablement le rythme du montage qui va permettre de rendre au mieux justice à ces changements d’ambiance.

La rythmique du montage

Car oui, le montage vidéo est une musique, dont les changements de tempo et les ruptures vont façonner les émotions et aider à raconter l’histoire. En parlant de musique, le choix de celle qui soulignera peut-être votre montage (car cela n’est pas obligatoire, après-tout) est essentielle. Je ne compte plus les innombrables montages d’orages français/bretons/du mois d’avril (ne rayez pas forcément les mentions inutiles) sur fond de musique de pirate des caraïbes ou de tout autre titre épique ++ de chez Hollywood à base d’orchestrations grandiloquentes et de choeurs enjoués. Le décalage entre l’intensité de la musique et l’aspect, avouons-le, plutôt gentillet de cet orage, ne jouera pas en faveur de votre vidéo. Les émotions contradictoires ne permettent pas de s’immerger dans l’histoire. Loin de moi l’envie de dénigrer le plaisir que vous auriez eu à observer cet orage. Et je reconnais volontiers que quelques voyages américains m’ont rendu un peu blasé face à certains cumulonimbus français. Mais je pense que vous avez tout intérêt à prendre du recul sur l’intensité objective des scènes observées pour y coller les mélodies appropriées. Une étape indubitablement chronophage. Il n’est pas rare que j’y passe quelques heures avant de dénicher le titre parfait pour ma séquence. Une fois que c’est fait, reste à repérer dans la musique les accents et changements de rythme dont vous pourriez profiter en matière de montage. Le tempo s’accélère, un instrument vient s’ajouter… autant de changements qu’il faut prendre l’habitude de remarquer pour pouvoir y accorder vos images.

Si vous avez fait l’effort de réaliser des prises de son de qualité grâce aux conseils prodigués plus haut, vous avez tout intérêt à ne pas abuser de la musique afin d’amener de la variété dans votre montage. D’ailleurs, une musique a d’autant plus d’impact lorsqu’elle redémarre après 2 minutes de sons d’ambiance ou de commentaires seuls. Pour reprendre l’exemple de notre websérie dans la Tornado Alley, sachez que l’omniprésence de musique, particulièrement en première saison, découle des innombrables lacunes de nos prises de son de l’époque. Un cache misère en quelque sorte. Pas forcément un exemple à reproduire donc !

Je vous entends déjà me demander mais où diable donc peut-on se procurer de la musique pour nos montages ? C’est une vaste question pour laquelle de nombreux sites pourront vous fournir une réponse plus précise, mais si vous ne souhaitez pas vous contenter des musiques commerciales (pouvant provoquer des bloquages ou démonétisations de vos vidéos), vous avez la chance de vivre à une époque où les musiques « de stock » deviennent très abordables, sur des sites tels que Artlist, Musicbed ou encore Soundstripe. Des nouvelles plateformes émergent régulièrement mais fonctionnent sur le même principe d’un abonnement par mois ou par an pour un accès illimité au catalogue. Les licences octroyées lorsque vous choisissez un titre le sont à perpétuité et non seulement pendant la durée de l’abonnement. Une solution vraiment pratique quand on souhaite agrémenter son montage de musiques dédiées à cet usage.

La continuité visuelle et sonore

Deux étapes assez méconnues du commun des mortels en ce qui concerne la post-production audiovisuelle sont pourtant essentielles pour décupler la qualité de vos vidéos. Il s’agit du mixage son et de l’étalonnage.

La première consiste à s’assurer que les niveaux sonores de tous les éléments de votre montage sont à un volume semblable, et qu’ils n’interfèrent pas les uns avec les autres. Si la musique est trop forte et masque votre voix, il y a de fortes chances pour que votre vidéo soit zappée. Si l’on sursaute toutes les 20 secondes parce que le volume de vos ambiances varie du tout au tout, l’expérience de visionnage ne sera pas très agréable non plus. La plupart des logiciels de montage ont des options de mixage même basiques que vous ne devriez certainement pas négliger !

L’étalonnage quant à lui va aider à garder une continuité agréable des images. Les problèmes de balance des blancs évoqués au moment du tournage vont certainement vous donner du fil à retordre maintenant que des plans tout bleus succèdent à des plans tout jaunes. Avec des filtres de correction colorimétrique appliqués sur les clips de votre montage, il va falloir tenter de corriger ces différences flagrantes entre les plans, pour lisser l’apparence de vos ciels. Sinon, le cerveau va remarquer ces sautes de couleurs et l’immersion est immédiatement perturbée. On se demande même parfois si l’on n’a pas changé d’endroit, alors que la séquence est tournée au même instant.

Un exemple de deux balances des blancs différentes sur une même scène. La seconde donne l’impression d’avoir été filmée bien plus tard à cause de ses couleurs chaudes évoquant le coucher du soleil.
Choisir avec intelligence

L’autre erreur souvent rencontrée chez les monteurs débutants, est celle de vouloir ajouter à la vidéo finale absolument tout ce qui a été tourné. Certes, je vous ai incité dans les lignes précédentes à redoubler d’ingéniosité et d’efforts dans le but de capturer des images inédites et originales. Que cela ne vous empêche pas d’être exigeant envers vous-même au moment du montage. Soyez sélectif et allez à l’essentiel ! Est-ce que ce plan mérite vraiment de figurer dans la vidéo ? Est-ce qu’il apporte quelque chose à l’histoire ? D’ailleurs, est-ce que vous avez assez de plans intéressants pour proposer une vidéo digne de ce nom ? Le moindre doute doit vous faire envisager d’attendre de recueillir plus de matière pour mener à bien votre projet. Mieux vaut faire preuve de patience et proposer quelque chose d’abouti plutôt que de balancer des petits morceaux de montages pas vraiment finis. Ou bien que de vouloir caler absolument tout ce qu’on a filmé avec pour conséquence de noyer les bonnes choses au milieu des médiocres. 

Le piège inverse est de se comparer sans cesse à ce que font d’autres monteurs plus expérimentés et de ne pas se sentir légitime à partager ses oeuvres. Tout est à nouveau une question d’équilibre. Mais l’idée ici étant d’améliorer notre pratique de la vidéo, je me permets de pointer du doigt les écueils courants !

Sur un plan plus pragmatique, la plupart des logiciels de montage proposent bon nombre d’effets et de presets, notamment pour les transitions. Leur utilisation peut rapidement se révéler kitsch, à moins de se contenter des plus simples. Et n’oubliez pas qu’une transition a une signification ! Elle fait généralement comprendre qu’on change de lieu ou de temporalité, et ne doit donc pas venir n’importe où. Pour ceux qui veulent aller plus loin, il existe maintenant sur Internet des tonnes de « templates » ou effets avancés à intégrer à vos logiciels. Il est tentant de les utiliser pour rendre son montage plus « pro » mais attention à les utiliser là-aussi de manière intelligente, afin de servir votre propos et non pas seulement pour styliser.

Le moment du partage

Votre montage étant terminé, il ne reste plus qu’à l’exporter en vue d’une diffusion, probablement sur le web, possiblement sur Youtube, Vimeo ou Facebook. Difficile de s’y retrouver parfois dans la jungle des formats d’encodage vidéo. Quoique les logiciels aient tendance à proposer maintenant des presets d’export très explicites notamment pour que vous sussiez les exporter vers les sites sus-cités. 

Les presets de Davinci Resolve pour Youtube ou Vimeo sont plutôt facilement compréhensibles.

A défaut, sachez que le format de diffusion par excellence est le codec H264, qu’on « encapsule » dans un ficher .mp4. Le mp4 étant en effet un conteneur et non un format vidéo, comme on le pense à tort. Si vous procédez manuellement, penser à vérifier le débit d’encodage de votre vidéo, c’est à dire la quantité d’information qui est stockée dans le fichier à chaque seconde, et donc exprimée en kilo ou megabits par seconde (Mbps). Youtube propose des recommandations de débits optimums selon la définition et le framerate final de votre vidéo. Ainsi que d’autres conseils utiles. Vous pouvez appliquer peu ou prou les mêmes réglages pour une diffusion via un autre site.

On pourrait dès lors croire que le clic sur le bouton « exporter » symboliserait la fin du travail. Pourtant, il reste à accompagner la sortie de votre vidéo et à l’agrémenter de différents éléments qui la rendront attractive au plus grand nombre : vignette engageante (mais pas « putaclic »), description détaillée, photos complémentaires…

Le plus dur sera peut être de savoir accepter les critiques constructives émises par les commentateurs, ou d’occulter celles qui ne le sont pas.


LE MOT DE LA FIN

Quels que soient les guides et tutoriaux que vous auriez pu dévorer sur la vidéo, y compris celui-ci, je ne pourrai que vous inciter à faire preuve de créativité et à faire de votre personnalité une composante forte de vos vidéos. Au delà des bonnes pratiques et des effets de « glitchs » à la mode, l’important reste à mon humble avis de se démarquer par un ton ou une approche unique. A une époque où les formats tendent à nettement s’uniformiser selon les plateformes qui les hébergent (des millions de vlogs identiques sur Youtube, des photos copiées-collées sur Insta, des recettes à succès sur TikTok…), réalisez avant tout les vidéos qui vous ressemblent. Plus elles ont du sens pour vous, plus elles trouveront un écho chez les spectateurs, et plus vous en serez fiers avec le temps qui passe.

Dans l’attente de découvrir vos futures créations, bon courage !

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